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Le vide
5 septembre 2007

Le 2e degré

Texte de Richard Martineau.

Vous ne le croirez peut-être pas, mais quand j'étais jeune, les femmes qui se faisaient traiter de sales putes étaient insultées.

Oui, oui. Insultées! Certaines menaçaient même de poursuivre... Mais je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...


Aujourd'hui, la femme a évolué, elle s'est libérée. Se faire traiter de pute est devenu «in». C'est même une preuve d'émancipation!


Putain de texte


Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le très sérieux magazine L'Actualité.


Dans son dernier numéro, le magazine publie un texte du journaliste Nicolas Langelier, «premier titulaire de la bourse La Vie en rose, qui permet à un journaliste d'approfondir une question liée à l'égalité homme-femme».


Le titre du texte? «De l'utilisation du mot pute par la jeune femme moderne». On y apprend entre autres que c'est devenu branché de traiter les jeunes filles de putes.


La journaliste Catherine Bélanger, par exemple, se traite régulièrement de pute dans son blogue. «C'est un mot comme un autre», dit-elle. Même le groupe rap Omnikrom, qui fait triper l'avant-garde musicale, l'utilise à tour de bras.


Paraît qu'il ne faut pas s'en formaliser. C'est juste une joke, ça ne veut rien dire, y a rien là, c'est cool, chill...


Grosse chienne

Il y a quelques mois, dans son blogue, ma femme a écrit un texte critiquant les groupes rap qui utilisent le mot «pute» dans leurs chansons. Elle s'est fait tomber dessus à bras raccourcis par la petite communauté de la musique branchée qui l'ont accusée de manquer d'humour.


«C'est une farce, lui a-t-on dit. Il ne faut pas prendre ça au premier degré! Décrispe!»


Que voulez-vous, elle est d'une autre génération, ma femme. Elle n'aime pas se faire traiter de pute, de pétasse et de grosse épaisse. Elle trouve que c'est insultant, méprisant. Bizarre, hein?


Heureusement, la nouvelle génération est moins susceptible, plus ouverte. Les filles acceptent de se faire traiter de pute avec le sourire.


«Salut, ma vieille pute!» «Bonsoir, ma grosse salope!» «À tantôt, ma chienne!» C'est mieux, non?


J'ai assez hâte que ma fille aînée ait quatorze ans! Elle va enfin pouvoir se faire traiter de grosse vache par ses amis de gars, au lieu de se faire appeler par son nom, comme c'est le cas aujourd'hui...


Le festival de l'insulte

Qui sait, avec un peu de chance, la mode va prendre de l'ampleur. On va pouvoir traiter les Noirs de nègres, les homosexuels de fifs, les enfants trisomiques de mongols, les Italiens de wops... Ça va être tellement plus relax!


Personne ne va s'offusquer, tout le monde va avoir le sens de l'humour, ça va être génial.


Le magazine féministe La Vie en rose va peut-être même me donner une bourse pour que j'approfondisse le sens profond du mot «conne».

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