Auteur, son père, Michel Bourassa
Claudie est une des deux jeunes filles décédées à la suite d'un accident à Mirabel, le 28 août.
Le mardi 28 août. Quatre jeunes filles se tenant par la main traversent la route à Mirabel pour aller voir des poussins. Trois d'entre elles sont percutées Elles n'ont rien vu, rien entendu.
Arrivé rapidement sur les lieux, je vois Claudie, ma fille, inconsciente, les yeux fermés. Elle respire. Son visage n'est pas ensanglanté. On la transporte à l'urgence de l'hôpital Saint-Jérôme et, de là, à l'hôpital Sainte-Justine en raison de la gravité de son état. Elle a subi un trauma sévère.
Nous tous, nous veillons sur Claudie jour et nuit. On rencontre le neurochirurgien qui nous explique clairemenet la gravité de la situation. On bénéficie du soutien de travailleurs sociaux. On doit discuter, réfléchir, espérer, se soutenir, se consulter. Claudie est entre des mains d'experts et les ressources sont illimitées. Tout est méticuleusement pensé et exécuté dans le plus grand respect pour ma fille.
Le dimanche 1er septembre. Tout ce qui pouvait être fait l'a été. Comme Claudie était née à 10h45, nous lui permettons de s'envoler, symboliquement, à cette même heure.
Son foie se retrouve maintenant dans le ventre d'une petite fée de deux mois, dont l'état s'aggravait à Sainte-Justine. Son coeur travaille à l'Hôtel-Dieu de Québec. Ses poumons inspirent et expirent à Toronto. Ses reins ont été greffés à Montréal sur deux personnes différentes. Son pancréas a été récupéré.
Claudie vit maintenant dans cinq autres individus, dont elle a changé un peu la vie. Elle sera avec nous pour encore très longtemps.
Chère Claudie, on ne te verra plus te préparer à partir pour l'école, on ne te verra plus fureter à l'ordi, ni refermer la porte de ta chambre ni sourire ni te baigner. On ne te verra pas franchir toutes les étapes de l'adolescence, cette dizaine si magique, avec toutes tes amies, que tu aimais tant, si précieuses et si indispensables
Ne t'en fais pas, nous les aimons autant que toi. Elles te donnent déjà des nouvelles, t'écrivent des cartes comme Chloé, Alexandra, Fred, Audrée, Laurie, Félicia, Maude et les autres, si réconfortantes, comme des bijoux, de la lumière
Je te remercie de nous avoir comblés de bonheur. Treize années inoubliables, d'une vie comme toutes les autres, ni plus ni moins, simplement unique. Nous nous rappellerons éternellement toutes tes joies, toutes tes peines, toutes tes fêtes et toute cette enfance avec Laurence Et cette belle ado, que tu es que tu étais
Ce fut un beau parcours, hélas trop court. Nous reverrons tes finesses et garderons la mémoire de ton nom, vivante.
J'ai été fier et comblé d'être ton père. Merci et maintenant, je t'embrasse, je te donne un câlin. Je regarde tes grands yeux si verts, si doux, si sensibles. Bonne nuit et à demain.